Ce moine italien, qui a habité au monastère de Mont-Cassin vers en 780, a écrit la Historia gentis Langobardorum, en six volumes, entre en 787 et 796. Dans cette œuvre, le moine introduit plusieurs références à des calamités, inondations et maladies qui étaient présentes en différentes zones de la Péninsule Italique au haut Moyen âge. Il a même documenté quelques éclipses de la Lune ou du Soleil qui coïncidaient avec les désastres qui affectaient une grande partie de la population.

Paul explique plusieurs épidémies de peste arrivées à Rome, comme celle de 680. La pandémie ne cessa pas avant que ne soit érigé un autel consacré à saint Sébastien dans la basilique de Saint-Pierre-aux-Liens, sur l’Esquilin. En fait, dans cette église romaine, bien connue parce que dans une nef latérale se trouve la très fameuse sculpture du Moïse, œuvre de Michel Ange (1513-1545), figure une image inhabituelle de saint Sébastien, représenté avec la barbe et en toge, la couronne du martyre dans les mains. L’icône est une mosaïque du VII siècle et elle rappelle que la peste de cette année avait frappé la ville de Pavie, où déjà avait été bâti un autel consacré au saint martyr dans une église qui porte le même nom que la basilique romaine dont nous parlons ici.

Le martyre du saint par les flèches est l’iconographie qui s’est imposée au cours des siècles, surtout à partir du XIV siècle, où se consolide la figure de saint Sébastien comme protecteur de la peste. Mais ce patronage ne vient pas uniquement de ce qu’en dit, très brièvement, Paul Diacre dans son livre. Les flèches de son martyre seraient le lien direct avec la peste puisque la flèche, dans la mythologie tant grecque que chrétienne, est le symbole de cette maladie. Ainsi, dans l’Iliade, le dieu Apollon déclenche la peste en tirant une flèche, et aux psaumes 7 et 64 de l’Ancien Testament apparaît la même image.

Paul Diacre, un moine né dans le Frioul, fils d’une famille noble, a vécu à la cour de Charlemagne, outre sa résidence dans plusieurs monastères. Son œuvre est étendue et ne se limite pas à celle déjà citée. Entre autres, et à la requête de l’évêque Angilram (ou Enguerrand) de Metz, il a écrit un épiscopologe de la ville, le Liber de ordine et numero episcoporum in civitate Mettensi, un livre qui s’achève en 766. En fait, il s’agit d’un ouvrage qui rassemble beaucoup de données sur les ancêtres de Charlemagne, surtout la lignée d’Arnulf. Paul Diacre est donc devenu un écrivain de référence pour approcher le Moyen Âge, pour avoir plus de données sur la famille de Charlemagne, pour connaître le milieu culturel de celui-ci et pour savoir pour quelle raison les hommes et les femmes du Moyen Âge ont invoqué saint Sébastien comme protecteur contre la peste.

 

Daniel Piñol
Universitat de Barcelona

 

Bibliographie :

Carvajal González, Helena. «San Sebastián, mártir y protector contra la peste». Revista Digital de Iconografía Medieval, vol. VII, núm. 13 (2015), p. 55-65.

Castillo Guerrero, Miguel. «Urbanismo y religión. San Sebastián y su huella en la trama urbana de Roma». Espacio y tiempo. Revista de Ciencias Humanas, núm. 22 (2008), p. 9-42.

Little, Lester K. Plague and the End of Antiquity: The Pandemic of 541-750. Cambridge: Cambridge University Press, 2007.

Menéndez, Luis. «Medicina, enfermedad y muerte en la Italia tardoantigua: Una acercamiento a través de la Historia Langobardorum de Paulo Diácono». Studia Historica. Historia Antigua, núm. 30 (2012), p. 217-251.