Chronicon Anianense. Bibliothèque nationale de France, Ms. lat. 5941, fol. 2

 

Le patrimoine littéraire carolingien de Septimanie et de Catalogne sera étudié dans le cadre d’un nouveau projet quadriennal lancé en septembre : «Carolingian Culture in Septimania and Catalonia: The Transformation of a Multi-Ethnic Middle Ground of the Euro-Mediterranean World ». Il s’agit d’étudier l’impact de la littérature carolingienne sur les régions de Septimanie et de vieille Catalogne entre les IXᵉ et XIᵉ siècles. La recherche durera jusqu’en 2024 et sera financée à hauteur de 600 000 euros par le Fonds pour la promotion de la recherche scientifique (FWF) à Vienne (Autriche). L’équipe est composée de chercheurs européens, dirigés par Walter Pohl, directeur de l’Institut für Mittelalterforschung de l’Académie des Sciences de Vienne, et Matthias M. Tischler, membre de l’Institució Catalana de Recerca i Estudis Avançats (ICREA). Nous nous sommes entretenus avec le professeur Tischler, codirecteur du projet.

 

Le projet qui débute vise à développer une base de données déjà existante sur la littérature carolingienne. Quel est le contenu de cette base de données et quel travail sera effectué ?

La base de données de manuscrits et de textes est l’un des principaux objectifs de ce nouveau projet. Il peut s’appuyer sur des travaux préliminaires que nous avons pu réaliser dans le cadre d’un projet européen HERA de trois ans entre 2016 et 2019. Des partenaires à Barcelone, Vienne, Berlin, Exeter et St. Andrews et leurs équipes ont été impliqués dans ce projet HERA. Son objectif était de comparer l’époque du dit « long X siècle » de l’Empire carolingien d’environ 900 à 1050 dans un contexte européen en ce qui concerne l’utilisation ou la non-utilisation des ressources textuelles carolingiennes et non-carolingiennes. Notre question centrale était de savoir quelles ressources et mesures ont été utilisées dans diverses régions de l’Europe (post)carolingienne pour faire face à la crise politique générale de cet empire, dans sa phase de transformation en nouvelles formations politiques à plus petite échelle. Nous avons examiné le rôle des « périphéries » par rapport aux centres de l’empire de manière comparative. Le projet de Barcelone s’est principalement concentré sur le riche patrimoine des textes carolingiens contenus dans les manuscrits de Septimanie et de Catalogne, en particulier les textes religieux de base, et plus spécifiquement sur les nombreux nouveaux cultes de saints introduits et les traditions hagiographiques importées avec eux. Cette focalisation était non seulement nécessaire parce qu’il y avait peu de recherches comparatives, mais parce que des hypothèses plus anciennes se sont rapidement révélées trop partiales : en particulier celles formulées pour la Catalogne, qui aurait conservé par traditionalisme des textes anciens. La question centrale est de savoir dans quels domaines de la connaissance les nouvelles traditions textuelles carolingiennes ont-elles supplanté les anciennes traditions patristiques et quelle est leur relation avec la littérature hispano-wisigothique. La base de données de manuscrits et de textes comprend tous les témoins historiquement vérifiables du patrimoine carolingien de Septimanie et de Catalogne, qui ont survécu sous forme de manuscrits ou de fragments ou sont mentionnés dans des catalogues médiévaux, des inventaires de livres ou des notes de dons. Pour la première fois, l’ensemble de la bibliographie existante pour chaque témoin est également vérifiée. De cette manière, un outil de travail unique jusqu’à présent est créé pour restituer tout un paysage littéraire du haut Moyen Âge.

 

Votre objet d’étude est constitué par les manuscrits qui ont été produits entre le IX et le XIᵉ siècle en Septimanie et Catalogne. Votre projet souhaite étudier ces deux régions comme un espace de création unique. Qu’avait en commun la littérature des deux entités, qui appartiennent aujourd’hui à des États différents ?

 Ce que nous appelons plus tard ‘Septimanie’ et ‘Catalogne’ ont formé un espace commun de communication et de culture des deux côtés des Pyrénées dans les temps anciens. N’oublions pas que dans le royaume hispano-wisigothique, cette zone était une entité distincte, parfois indépendante. Une telle zone de médiation, entre l’« empire » franc et la péninsule Ibérique, nouvellement formée politiquement, religieusement et culturellement, nous l’appelons aujourd’hui «middle ground». En outre, les érudits hispano-wisigothiques de l’époque, qui ont fui la nouvelle domination arabo-musulmane en al-Andalus vers l’« empire » franc et ont occupé des postes élevés en tant qu’abbés et évêques de l’Église franque, ont été impliqués dans le mouvement de la réforme carolingienne à partir du VIII siècle. L’établissement du bénédictinisme réformé par Witiza, le fils d’un comte wisigothique mieux connu sous le nom de Benoît d’Aniane, et ses disciples est une histoire qui commence sous Charlemagne et Louis le Pieux en Septimanie et englobe très tôt la « Marca Hispanica », qui devient plus tard la veille Catalogne. La lutte des théologiens carolingiens contre l’adoptianisme hispanique de l’évêque Félix d’Urgell et de ses disciples n’a pas été des moindres et elle fut menée localement par des bénédictins réformés et des clercs de l’Ecclesia Narbonensis. Cela a conduit à l’introduction de la liturgie romano-franque et des textes religieux venant de Narbonne, Lyon et d’autres centres religieux de l’Empire carolingien.

 

Quelle était l’influence de ces deux régions de culture romaine ? 

Cette question vise en fait un point important qui a jusqu’ici peu retenu l’attention, et qu’il faut mettre en relation avec l’expansion rapide de la culture carolingienne à travers l’Europe: quel rôle a joué le degré de romanisation d’une nouvelle région de l’Empire carolingien dans l’expansion de la réforme de l’Église dans cet empire ? La référence explicite à Rome par les Francs et surtout par les Carolingiens est indéniable, et est utilisée comme une forme de légitimité contre toutes les forces non-catholiques du monde euro-méditerranéen. Le mouvement carolingien de la correctio est inconcevable sans la référence à l’Italie et à Rome. Il ne s’agit donc pas tant de la littérature romaine classique au sens d’une « Renaissance carolingienne », un concept qui n’est plus privilégié dans la recherche, mais du grand patrimoine patristique de l’Antiquité tardive, qui dans nos régions est finalement un patrimoine romano-latin et chrétien.

Ce n’est guère un hasard si la minuscule carolingienne est un développement ultérieur de la première écriture minuscule de l’Antiquité, la fameuse semi-onciale, qui était répandue surtout en Italie et en Gaule. C’était une calligraphie rénovatrice de lettres écrites plutôt en italique. L’orientation non seulement politique mais aussi culturelle des Carolingiens vers l’Italie et Rome depuis Charlemagne, leur intérêt pour les textes produits à la fin de l’Antiquité sous les Ostrogoths, est indéniable – il suffit de chercher les manuscrits carolingiens qui contiennent des textes de cette période. La question qui se pose maintenant est de savoir comment les Carolingiens ont traité l’important patrimoine textuel romain et hispano-wisigothique de notre région: qu’est-ce qui a été repris, qu’est-ce qui a été sélectionné et qu’est-ce qui pourrait même avoir été éliminé ?

 

Quelle a été l’influence de la culture arabe sur ces manuscrits carolingiens  ?

C’est aussi une question qui n’a pas encore été beaucoup étudiée. Nous voyons probablement une influence indirecte de la présence de la culture arabe sur une société frontalière qui a tenté de se différencier d’al-Andalus et de se réformer. Dans ce contexte, il ne faut pas oublier que la question de l’adoptianisme ne peut pas du tout être comprise sans la présence de l’islam. D’une manière générale, il faut d’abord savoir dans quelle mesure la réception d’œuvres latines très spécifiques dans la littérature carolingienne, notamment dans le domaine de la théologie, n’est pas une réponse indirecte à l’altérité religieuse de la péninsule Ibérique, dont on n’a pris conscience que progressivement. On sait aujourd’hui qu’il y a eu une confrontation carolingienne avec les juifs dans le sud-ouest de l’Empire promue par des auteurs de l’École de Lyon qu’il ne faut pas sous-estimer. Mais l’intense controverse carolingienne sur le culte des images, l’Eucharistie, la Trinité et la christologie, en particulier par les auteurs de la controverse sur l’adoptianisme, n’est-elle pas le reflet des contextes religieux et culturels plus larges en Méditerranée, c’est-à-dire une détermination de sa propre position vis-à-vis de Byzance et des nouveaux « empires » musulmans émergents au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en al-Andalus ? Des auteurs comme Alcuin, Claude de Turin et Paschase Radbert, dont les œuvres ont été transmises dans nos régions, semblent avoir joué un rôle central ici.

 

Parlons des manuscrits que vous étudiez. De quel genre de textes s’agit-il ? La plupart de la littérature de l’époque était-elle religieuse ou judiciaire ? 

Oui, nous parlons principalement de textes religieux, mais ceux-ci sont plus complexes qu’on ne l’imaginait auparavant : l’histoire de la Bible latine du début du Moyen Âge a jusqu’à présent été peu étudiée dans nos régions et dans un contexte européen plus large, c’est pourquoi la Septimanie et la Catalogne sont largement absentes de nombreux aperçus. Les textes de base (règles, normes), les textes explicatifs et les écrits de propagande hagiographique des formes de vie religieuse introduites par les Carolingiens sont également importants, non seulement pour la vie bénédictine, mais aussi pour la vie des anciens chanoines, qui suivaient la règle dite d’Aix-la-Chapelle. Beaucoup de nos manuscrits n’ont jamais été utilisés pour les éditions critiques, encore moins classés dans l’histoire des textes. L’exégèse carolingienne a également été à peine examinée comparativement jusqu’à présent, de sorte que nous ne connaissons pas encore les préférences des écoles carolingiennes d’exégèse chez nous. La situation de la recherche dans la liturgie est bien meilleure. La plupart des travaux ont jusqu’à présent été effectués dans le domaine de l’homilétique, mais nous n’avons aucune histoire de la littérature de sermons médiévale dans nos régions et la recherche sur la production la plus importante et la plus ancienne de celle-ci, l’homiliaire dit de Luculentius (vers 900), s’est arrêtée aux préparatifs d’une édition complète. Nous voulons combler ce grand vide de recherche avec l’édition critique de cet homéliaire carolingien encore inconnu, ce qui est un objectif supplémentaire du projet, en plus de la base de données mentionnée ci-dessus. Bien sûr, nous avons aussi la littérature juridique à l’esprit, mais nous ne sommes pas tellement intéressés par la vieille question, souvent discutée, de la survivance du droit wisigothique, qui au regard du principe carolingien de l’inviolabilité des traditions juridiques civiles régionales n’est pas une surprise, mais la norme. Plus intéressante est la question de savoir comment la relation entre les anciennes collections de droit canonique hispanique et les nombreuses collections carolingiennes importées ou copiées très tôt s’est construite dans les évêchés et abbayes. Peu de recherches comparatives dans ce domaine ont été menées jusqu’à présent, ce qui est remarquable car il s’agit d’un enjeu clé dans la réforme de l’Église carolingienne, en particulier à la périphérie de l’empire.

 

Quels sont les auteurs les plus emblématiques ?

Vous pouvez trouver presque tout ce qui a été classé et nommé dans la littérature carolingienne depuis le VIII siècle. J’ai déjà mentionné quelques auteurs ci-dessus, mais pour autant que l’on puisse déjà dire, les plus importants et répandus étaient Benoît d’Aniane et Smaragde de Saint-Mihiel parmi les auteurs bénédictins, Ambroise Autpert, Alcuin, Paulin d’Aquilée, Florus de Lyon, Paschase Radbert et Haymon d’Auxerre parmi les grands théologiens et exégètes carolingiens, en plus Amalaire ‘de Metz’, Walahfrid Strabon et Adon de Vienne comme auteurs de textes de base liturgico-hagiographiques (traités liturgiques, martyrologe), Paul Diacre, Hincmar de Reims et Luculentius comme auteurs d’homélies, Anastase le Bibliothécaire et les deux Jean Diacre de Rome et de Naples comme hagiographes, Éginhard comme biographe, etc. … Nous pourrions citer d’autres auteurs, dont certains avec des œuvres extrêmement rares voire uniques dans nos régions.

 

Les femmes ont-elles écrit ?

C’est une question ouverte en Septimanie et en Catalogne au vu de l’état peu avancé de la recherche, mais compte tenu du niveau relativement élevé de l’écriture qui a toujours prévalu ici depuis l’Antiquité, elle ne peut être exclue, d’autant plus qu’il y avait des communautés féminines dans notre zone dès le début du Moyen Âge. Et avec la célèbre Dhuoda, l’épouse de Bernhard de Septimanie, on connaît dans nos régions une femme noble en tant qu’écrivain au IX siècle, ce qui est une rareté absolue au début du Moyen Âge européen. 

 

Quels manuscrits importants sont conservés ? Est-ce un patrimoine riche mais peu étudié ?

Pour le moment, nous avons identifié près de 500 manuscrits, et la tendance est à la hausse, car la situation de la recherche encore insatisfaisante au vu du stock très dispersé de manuscrits et surtout de fragments ne permet pas encore une vue d’ensemble définitive. Les témoignages ne sont pas seulement conservés dans les archives et bibliothèques publiques, ecclésiastiques et privées de Catalogne et de Septimanie, mais de nombreuses interventions dans nos régions, à la fois de la part française et espagnole, plus tard depuis les guerres de religion en France au XVI siècle et les nombreux conflits entre l’Espagne et la Catalogne, ont également eu un impact énorme sur les anciennes collections de Catalogne et de Septimanie depuis le XVII siècle. On retrouve des manuscrits de ces régions dans toute l’Europe, mais aussi aux États-Unis. Ceux-ci incluent des témoignages centraux qui ont déjà fait l’objet de discussions approfondies dans le cadre de la recherche. Il est également frappant que des textes parfois extrêmement rares peuvent être reconnus ici et pointent vers le réseau européen que cette « périphérie » carolingienne a construit depuis le IX siècle. Les manuscrits survivants et leurs versions textuelles nous montrent que les zones de contact importantes étaient, en plus de la région de la Loire et du nord de la France, la Bourgogne avec Lyon comme centre et toute l’Italie du Piémont via Rome jusqu’au sud de l’Italie.

 

Parlez-nous du manuscrit que vous nous avez envoyé, quelle est son importance ?

Il s’agit d’un témoignage tardif, mais unique et important, le Chronicon Anianense, une histoire basée sur des sources carolingiennes, dont la recherche a jusqu’à présent supposé qu’elle a été produite au début du XII siècle dans le contexte des disputes de l’important monastère bénédictin d’Aniane avec l’abbaye bénédictine voisine, également importante, de Gellone, dans le but de défendre des positions juridiques et historiques. Mais le dernier mot, surtout paléographique, n’a pas encore été prononcé, car des recherches récentes n’excluent pas que le manuscrit soit une copie de ce texte, faite à Ripoll. Si cela est vrai, il faut se demander ce que faisait cette chronique en Catalogne à cette époque ? Qui était intéressé par ce texte et pour quels motifs ?

 

Quel public a lu cette littérature? 

En général, on peut supposer que ce sont principalement les communautés religieuses qui ont produit et lu ces manuscrits. Mais les nombreuses compétences en lecture et en écriture chez les laïcs aristocratiques ne doivent pas être oubliées dans nos régions. Les donations de livres de ces classes sociales prouvent la possession et la lecture de cette littérature.

 

Que savons-nous de cette époque à partir de ces textes ?

Les manuscrits nous permettent un accès authentique à la lecture contemporaine, bien sûr, souvent de lecteurs anonymes. Néanmoins, des traces de lecture, des notes marginales, etc. donnent un aperçu des intérêts individuels des gens. La plus grande diffusion des mêmes textes à partir d’un certain temps montre leur popularité, ce qui clarifie l’atmosphère et les problèmes d’une société. L’essor des textes carolingiens, surtout depuis la fin du X siècle, ouvre un tout nouvel horizon aux besoins complexes d’une société émergente comme la société catalane. Ces besoins sont juridiques, politiques, religieux et culturels …

 

Vous travaillerez jusqu’en 2024, quelles phases le projet comportera-t-il ? Quel sera le résultat final ? 

Bien entendu, le projet comprend plusieurs phases consécutives de développement, de description, de classification et d’interprétation des résultats. Ce qui est le plus important, cependant, c’est la coordination des trois principaux domaines de recherche que nous abordons actuellement : la Bible, la liturgie/exégèse et l’historiographie. Cela signifie que nous voulons apporter des perspectives progressives parallèles sur la façon dont ces trois grands domaines de la littérature ont façonné l’identité religieuse, sociale et politique de nos régions. Autant que je sache, cela n’a jamais été tenté pour un espace aussi intéressant que le nôtre, et c’est un véritable défi méthodologique.

 

Quel sera l’échange entre Vienne et Barcelone ?

Nous organiserons plusieurs ateliers sur les deux sites, auxquels les collègues des deux villes européennes et d’autres collègues seront invités. Le groupe autrichien prévoit bien entendu également de visiter les archives des collections nationales et européennes concernées. Je vais moi-même faire un Iter Americanum pour parcourir les collections nord-américaines contenant les manuscrits de notre projet. Il y aura également des présentations conjointes des résultats de la recherche lors de divers congrès internationaux, dont l’International Medieval Congress à Leeds, chaque année au début du mois de juillet, la plus grande rencontre médiévale au monde, afin de présenter notre projet et les résultats à un public le plus large possible. Un objectif commun est aussi de rédiger une monographie collective sur ce sujet de recherche ; c’est pourquoi nous avons également engagé des spécialistes externes de France et des Pays-Bas pour assurer l’accès au sujet du plus grand nombre.

 

Quelle est l’importance d’un projet comme le vôtre, ou comme CATCAR, pour la connaissance de la naissance de la Catalogne ? 

Sans l’inclusion de ce riche patrimoine littéraire et documentaire, nous ne pouvons pas comprendre le développement de la Catalogne dans le contexte européen : il s’agit de perspectives, d’orientations et d’espaces privilégiés de communication et d’échange de connaissances. Ce sont des questions éminemment importantes pour nous aussi aujourd’hui, car elles expliquent l’orientation géopolitique, religieuse et culturelle fondamentale d’un pays comme la Catalogne, qui a toujours été une zone de médiation. La leçon d’ensemble est qu’il faut enfin lui accorder sans réserve cette identité propre de médiation, mais aussi son indépendance, acquise au fil des siècles. Le patrimoine textuel carolingien de Septimanie et de Catalogne est une clé pour comprendre la formation de l’identité catalane au Moyen Âge et au-delà. Il est temps de déterrer ce trésor presque inconnu et de le faire parler.

 

Pour plus d’informations: ici.