Les archives sont les temples qui gardent les secrets les plus importants de l’Histoire. Mais c’est dans la littérature que nous trouvons les détails qui restituent la vie de nos ancêtres. Pour cela, CATCAR est en train de parcourir les rayons des librairies de notre pays, où figurent des romans comme La terra maleïda (Barcelona : Rosa dels Vents, 2018 ; version française La terre maudite, traduction de Marie Vila Casas, Paris : Robert Laffont, 2020), de Juan Francisco Ferrándiz. Le livre est paru en 2018 et est devenu un succès immédiat, avec la vente des droits d’édition dans 12 pays. L’histoire se passe pendant la deuxième moitié du IXᵉ siècle et s’inspire de la renaissance historique de Barcelone et des descendants de Bellon de Carcassonne, grand-père du légendaire Guifred le Velu. Frodoi, nommé évêque de Barcelone, arrive dans la ville dans le but de la tirer de la misère et de la repeupler, en unissant ses habitants dans le culte chrétien et en impulsant des réformes comme le droit d’aprision. Sa lutte devient un récit plein d’aventures, de trahisons, et d’amour, ingrédients très attirants pour voyager dans une des artères d’un empire en décomposition.

CATCAR a parlé avec son auteur, Juan Francisco Ferrándiz.

 

La terre maudite nous transporte en une époque et une terre entourées de mystère. Qu’est-ce qui vous a conduit à la Marca Hispanica ?

Je travaillais à un autre projet littéraire et, dans une recherche d’information sur Internet, est apparu un mot bizarre pour se rapporter aux territoires historiques du sud de la France et du nord de la Catalogne : Gothie. Je me souviens que c’était un jour quelconque, mardi ou mercredi, et déjà était tard. Sur le moment, je n’y ai plus pensé, mais cette nuit-là je ne pouvais pas dormir… Parfois l’inspiration vient par pur hasard. De temps en temps me revenait à l’esprit ce mot, Gothie, comme celui d’une terre légendaire, effacée par la poussière du temps.

Le lendemain, j’ai mis de côté le projet précédant et j’ai approfondi un peu plus ce territoire qui allait jusqu’à la Marca Hispanica et, justement, Barcelone. Comme l’intuition me l’avait fait supposer, j’avais trouvé un monde fascinant, d’une puissance littéraire énorme, inconnu pour beaucoup de gens. Alors j’ai commencé la vraie recherche historique tandis que surgissaient des personnages, des vies, des aventures…

 

Le roman explique l’histoire de Barcelone après la division de l’empire de Charlemagne entre les fils de Louis le Pieux jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Guifred le Velu. Les faits historiques sont la colonne vertébrale de l’œuvre. La fiction vous a-t-elle servi à remplir les vides que laisse la documentation ?

La littérature ne doit jamais remplacer l’histoire. Son rôle est de fusionner les événements et les aspirations universelles de l’être humain. Il est merveilleux d’approcher un temps avec des personnages qui aiment, haïssent et sont mus par l’amour ou l’ambition, parce qu’ainsi est la vie depuis toujours… Il y a historiens à qui le roman historique ne plaît pas, à cause des inventions de l’auteur. Ce que je peux dire est que La terre maudite ne prétend pas expliquer la Barcelone carolingienne, mais retrouver l’âme de ses habitants, nos ancêtres.

 

Comment s’est déroulé votre travail de documentation ? Où vous a-t-il mené ?

À ma surprise, en Catalogne, il y a nombre d’études sur l’époque carolingienne. Tandis qu’en d’autres régions sont surtout conservés des textes religieux de cette époque, chez nous il y avait une grande préoccupation pour garder trace des transactions et d’autres affaires. La documentation s’est révélée inestimable. Mon premier guide a été sans doute Ramon d’Abadal avec ses travaux, mais il y a bien plus : livres, articles, thèses de doctorat, etc., toujours complétées avec des visites au Museu d’Història de Barcelona (MUHBA), Cardona, Terrassa… Et, sans doute, grâce aux apports de CATCAR, on ira beaucoup plus loin.

 

En lisant le roman nous pouvons nous rendre compte de votre volonté de rigueur historique. Le livre commence avec une citation très significative extraite de Els primers comtes catalans, de Ramon d’Abadal.

Hi ha certs períodes de la història que, faltats de prou fonts d’informació, només poden ser escomesos acceptant per endavant aquesta posició arriscada i amb la modèstia que comporta saber que és possible que anem errats […].

La manque d’informations fait qu’on ne peut s’attaquer à certaines périodes de l’histoire qu’en acceptant d’avance d’adopter une position risquée, et en ayant la modestie de reconnaître qu’il se peut qu’on se trompe […].

Ce risque rend-il la période carolingienne plus attirante pour la littérature?

Certainement. Je pense que, peut-être, ce que les écrivains peuvent imaginer de ce temps pour rendre le récit plus épique et plus émouvant, peut n’être qu’à moitié aussi épique et aussi émouvant que ne l’était la réalité. Pensons seulement au courage de ces gens : l’un de nous s’en irait-il dans la zone de guerre en Syrie avec sa famille, y sèmerait un champ et y bâtirait une petite maison ? Et, bien entendu, sans compter sur l’arrivée des casques bleus de l’ONU ! Tant de courage, d’audace ou de désespoir m’impressionne. Nous ne pouvons pas même imaginer tout ce qu’ils ont affronté, mais nous sommes ici, nous, grâce à ces femmes et ces hommes.

 

Beaucoup des personnages de La terre maudite sont històriques : l’évêque Frodoi, Hincmar de Reims, le roi Charles le Chauve…  Avez-vous été fidèle à ce que l’histoire dit d’eux ? Le protagoniste, Frodoi, est un personnage qui évolue, avec des traits très humains : il arrive à Barcelone lors d’une sorte de crise d’anxiété… Quelles ont été vos sources pour dessiner les personnages ?

Tant dans La terre maudite que dans les autres romans que j’ai publiés, je respecte ce que l’on sait des personnages et j’invente ce que nous ne savons pas, mais toujours dans la limite des indices historiques. Je m’explique. L’évêque Frodoi nous ne le connaissons que par les documents où il est mentionné. Ils ne sont pas nombreux, mais nous savons, par exemple, que le roi de France, Charles le Chauve, il lui donne raison dans ses plaintes contre l’usurpation de certaines propriétés de son évêché, ou face aux prêtres mozarabes ; et aussi qu’il reçoit du monarque la somme de dix livres d’argent pour bâtir la nouvelle cathédrale de Barcelone, et qu’il a contribué à la découverte des reliques de Sainte-Eulalie. Que suggèrent ces données éparses ? Selon moi, que Frodoi était un homme débrouillard, avec des dons de leader, qui réussissait souvent dans ses entreprises et qui a replacé Barcelone dans l’histoire.

 

Et pour les personnages de fiction ? Les Chevaliers de la Marche n’ont pas existé, mais s’inspirent-ils d’un fait historique ?

Dans les documents apparaissent les milites Hispani maiores, guerriers de frontière qui sont sans doute à l’origine de certaines maisons nobiliaires catalanes qui se renforcent dans les siècles suivants. Le Llobregat était le Far West, mais tous n’étaient pas de nouveaux venus, il y avait là déjà des gens, les Goths. Dans le roman, il y a une diversité de personnages afin que le voyage littéraire soit plus attractif (un guerrier, une matrone qui est « l’âme de Barcelone », une aubergiste, etc.). Ils sont en relation avec des personnages historiques, comtes, nobles ou rois, pour former une mosaïque de destins… J’avoue que quand je pensais à ces guerriers de la frontière que tu as mentionnés, je pensais aux « neuf guerriers de l’épopée » de la légende catalane, mais, évidemment, il n’y a aucune relation. Ce qui est évident c’est qu’à partir du IX siècle il n’y a eu aucune incursion sarrasine à l’intérieur de la France, et ce fut grâce à la résistance de la Marca. Cela n’aurait pas été possible sans guerriers.

 

Le roman, de presque 700 pages, aborde beaucoup de thèmes. Nous commençons par le plus politique : le processus d’émancipation des comtés catalans. Vous imaginez l’existence d’un document historique du 11 septembre 878, par le quel le roi Louis le Bègue aurait établi le droit héréditaire des comtés de la Marca Hispanica à l’aide d’une disposition secrète :

Per la meva autoritat, concedeixo als comtes Guifré i Miró, i als seus successors a perpetuïtat, el dret de transmetre les seves possessions en herència d’acord amb el dret carolingi. (p. 667)

Par mon autorité, je concède aux comtes Guifré et Miró et à leurs successeurs à perpétuité, le droit de transmettre leurs biens en héritafe conformément au droit carolingien.

Ceci est le moment culminant du roman ? C’est le moment qui change tout ? Tout ce que fait l’évêque Frodoi va dans cette direction?

Le roman traite des luttes et des aspirations des personnages, mais il fallait atteindre ce point qui a été capital pour le futur des personnages en particulier ,et du peuple catalan en général. Personnellement les origines des choses me fascinent. Je crois qu’avec cet acte est née la Catalogne, au moins comme aspiration. Jusqu’à ce moment, le comte était nommé par le roi de France et il n’y avait pas toujours une continuité dynastique. De la même façon que les politiciens actuels, ils pensaient difficilement au long terme, à quoi il faut ajouter le danger d’une terre de frontière. Ce jour, une famille prit en charge une bonne part de la Marca Hispanica. Nous voulons tous que nos fils aient un meilleur sort que nous et cela oblige à penser avec des perspectives beaucoup plus larges. Oublions les considérations actuelles. Pour les gens de la frontière du IXᵉ  siècle, avoir une dynastie comtale à leur tête était la meilleure façon d’obtenir une protection (donc de la terre d’où provenaient les revenus), de bâtir des infrastructures, de dicter des lois et de stimuler le tissu économique. Ce n’est pas mal pour un début.

 

La cohabitation entre Francs et Goths est aussi un thème récurrent.

El terra enfangat es va barrejar amb la sang goda que havia mantingut la ciutat dempeus. […] Eren un clan de nobles gots que es resistia als costums francs, cada cop més dèbils però fidels al seu passat. (p. 205)

La sang de ces hommes, qui avaient maintenu la ville debout durant des générations, se mêla à la boue. […] Ils formaient un clan d’aristocrates goths, de plus en plus affaiblis mais fidèles à leur passé.

Dans le roman, les uns et les autres s’observent avec méfiance et s’accusent de ne pas être fidèles à la monarchie. Cette rivalité eut-elle plus d’importance que nous ne lui en accordons souvent, en nous centrant surtout sur l’Islam ?

L’Islam en ce temps signifiait danger ou opportunités de commerce, selon ceux qui gouvernaient. Par contre la tension entre les Goths (habitants de la Marca) et les Francs (nouveaux venus avec les armées du fils de Charlemagne au début du IX siècle) fut l’épreuve que dut surpasser la Marca et qui a donné comme résultat un peuple avec une identité propre. Nous devons penser à la situation d’isolement que connaissaient les territoires de la future Catalogne Vieille. D’une part les relations avec le reste de la Péninsule étaient coupées par les Sarrasins et une large frange de no man’s land ; d’autre part, le royaume de France s’intéressait peu à une terre de frontière. Celui qui est seul fait ce qu’il veut et, même, finit par parler comme il veut. C’est peut-être pour cela, encore aujourd’hui, que les Catalans n’aiment pas beaucoup qu’on leur chatouille le nez. L’identité d’un peuple ne naît pas de la célébration de la gloire, mais de la résistance commune au malheur.

 

Le danger et l’obscurité qui caractérisaient une zone frontalière comme la Marca imprègnent tout le livre.

Les guerres entre els descendents de Carlemany havien permès que un vel de foscor i oblit embolcallés l’última frontera. D’allà, n’explicaven històries sinistres que feien estremir tots els habitants del regne. Barcelona i la Marca eren un lloc terrible. (p. 18)

Les guerres entre les descendants de Charlemagne recouvraient du voile noir de l’oubli cette ultime frontière. De ces endroits terribles qu’étaient Barcelona et la Marche hispanique parvenaient de sinistres histoires.

Jusqu’à quel point avez-vous trouvé documentée cette réalité ? Des épisodes comme les attaques des hordes violentes sont-ils documentés ou avez-vous fait preuve d’imagination  pour captiver le lecteur ?

Il y a des traces de cette dramatique situation dans les documents, par exemple des villes comme Ausona (l’actuelle Vic), ou Egara (Terrassa) étaient restées dépeuplées ou pratiquement. Le fait que Guifred le Velu consacre tant d’efforts pour repeupler les comtés d’Urgell, Barcelone et Osona, indique que tout le monde avait fui dans les montagnes, dans les Pyrénées. Les hordes de bandits sont une fiction, mais il est probable que les malfaiteurs prospéraient dans une terre presque sans loi. C’est encore le cas là où l’insécurité et la violence sont insupportables. Les mieux connues sont les fréquentes razzias sarrasines sur Barcelone et les alentours. Des historiens comme Francesc Xavier Hernández les racontent. Les documents montrent aussi qu’il y avait des champs cultivés et de l’élevage à l’intérieur des murailles de Barcelone. Ce sont des détails qui suggèrent une situation dangereuse à l’extérieur.

 

Un autre thème capital est la cohabitation, à cette époque, des cultes païens et du rituel mozarabe avec le christianisme romain. Comment l’Église romaine les a-t-elle combattus ? Et Charlemagne ?

L’empire carolingien était allié à l’Église de Rome et, justement, le fait qu’on ait envoyé des évêques d’origine franque, comme Frodoi, est une réponse au conflit entre les Églises de Rome et de Tolède (rituel mozarabe), qui alors étaient presque indépendantes l’une de l’autre. Évidemment nous ne sommes pas seulement en train de parler du salut des âmes, mais aussi du contrôle des biens et de l’influence sur les fidèles. Une Église universelle, sous une autorité unique, se mariait très bien à l’aspiration impériale de Charlemagne. Des documents existent sur les procédures entre Frodoí et les clercs du rite mozarabe. À Barcelone, la Seu était de rituel romain, mais l’église de sant Just i Pastor conservait encore les traditions religieuses wisigothiques. Peut-être les sommes en argent reçues par Frodoí pour la cathédrale faisaient-elles partie d’une campagne de promotion et d’image. À propos des cultes païens, la documentation directe est rare, mais si nous nous rapportons aux chapitres et conciles des évêques de ces terres, nous trouvons des données surprenantes comme, par exemple, la demande faite aux prêtres pour qu’ils ne consacrent que le pain et le vin, et non d’autres choses… (signe que cela se faisait). Nous savons que les prêtres étaient souvent des gens analphabètes, pères de famille, surtout à en des lieux isolés. Il y avait des nobles qui bâtissaient des églises et qui vendaient des sacrements comme n’importe quel autre commerce, sans se soumettre à l’évêché. En définitive, tout cela se produit en raison du peu d’influence des autorités ecclésiastiques, du manque de clercs formés et de la faible connaissance de la religion. En outre, l’isolement de la frontière favorise la survivance du paganisme (comme au Pays Basque) et des coutumes anciennes. Cela explique le vaste patrimoine immatériel d’êtres fantastiques, de fêtes et de légendes que nous possédons.

 

Les sorcières et autres personnages, comme les dames des eaux ou les bestiaires ont un rôle clé dans le roman. C’était une époque très superstitieuse. Cette facette de la société du haut Moyen Âge vous intéresse-t-elle particulièrement ?

Le roman n’a pas d’aspects fantastiques, mais les gens de ce temps croyaient en beaucoup de choses qui maintenant font partie de notre folklore, c’est pour cela qu’il est aussi présent, surtout dans les dialogues entre les personnages. Il y a une scène dans laquelle Frodoi donne une croix à un garçon pour le protéger des dragons du Montseny. Dans La terre maudite on ne voit pas de dragons, mais les gens croyaient que leurs cavernes étaient là. Cela m’a permis d’approfondir un peu plus les peurs et les croyances des personnages. Par ailleurs, je dois dire que je suis un grand amoureux de notre légendaire et pour moi c’est un terrain d’étude très intéressant, c’est pour cette raison, peut-être, qu’il se reflète dans mes romans d’une façon ou d’une autre.

 

Un autre épisode intéressant est l’utilisation que font les personnages de la capacité de diffuser des dépêches par les jongleurs. Elisia en a cette opinion :

El que es recorda no és la crònica dels monjos […], la realitat és la que narren els joglars i els bards. Les seves cançons de gesta s’escampen i es repeteixen durant anys. Això és el que perdura, encara que no sigui cert. (p. 412)

Ce qui est réel, c’est ce que les troubadours et les bardes relatent. Leurs chansons de geste se répandent, et elles sont reprises pendant des années. Voilà ce qui perdure, même si ce n’est pas vrai.

Est-ce aussi la vôtre ? Comment cela affecte-il notre connaissance de l’histoire ?

Avant comme aujourd’hui, par exemple, on aimait regarder le monde à travers les yeux d’autres personnes, recueillir et lancer des nouvelles attrayantes, sans penser trop au fond. L’être humain est social, curieux et crédule. Tandis qu’à la TV et sur les réseaux sociaux les utilisateurs se comptent par millions, peu vont dans les bibliothèques. En ce temps, sauf les guerriers, seuls les jongleurs et les commerçants les plus aventureux osaient parcourir les chemins. Les chemins étaient les canaux non officiels par où arrivaient les nouvelles, naturellement, bien remâchées par les jongleurs pour éveiller l’intérêt, la surprise et une curiosité trouble. La vérité les intéressait probablement moins, pas plus que les gens. Comme actuellement. Aujourd’hui tous les historiens savent parfaitement que les créations, chants et poèmes ne doivent pas être pris pour une preuve rigoureuse de faits historiques, par contre, ils ont une valeur incalculable en tant qu’œuvres littéraires, et ils informent aussi sur d’autres aspects également intéressants, les sentiments, l’humour, le sexe, la critique sociale… Aimer l’histoire c’est beaucoup plus qu’aimer les données, c’est aimer ces gens.

 

Un autre grand thème : Barcelone. Frodoi dit :

No sé si hi ha cap ciutat de tot l’orbe que hagi patit tants atacs i setges en els sis decennis que hem passat i que continuï dempeus. Vull saber per què! (p. 71)

Je ne sais pas s’il existe au monde une ville ayant subi plus d’attaques et de sièges que Barcelone au cours des soixante dernières années, et qui demeure toujours debout ! Je veux savoir pourquoi.

Avez-vous découvert pourquoi ?

Bonne question ! Frodoi se pose exactement la même question que moi avant d’écrire La terre maudite. Pour revenir au début de l’interview, quand je découvrais des choses sur la Gothie et la Barcelone carolingienne, la question est surgie aussitôt. J’ai imaginé une ville isolée devant une frontière dangereuse. Avec quelque mille cinq cents habitants, selon Pierre Bonnassie, attaquée souvent par des razzias sarrasines, au milieu de la dévastation et sans ressources qui la rendent attirante aux nobles francs… Son destin pouvait être de disparaître comme Empúries, Ausona ou Egara, mais à rebours, elle finit par prospérer. C’est une énigme historique intrigante et du point de vue littéraire un trésor ! Je suis seulement un créateur d’histoires, un jongleur, et je n’ai pas de réponse rigoureuse, mais je crois que la survie dépend de la ténacité des gens et peut-être aussi de cet évêque étranger, Frodoi, car en son temps survinrent des événements clés à Barcelone, que le lecteur découvrira dans La terre maudite, et qui donnèrent aux premiers Catalans confiance dans le futur.