Jaume Sobrequés i Callicó, président de la Societat Catalana d’Estudis Històrics, filiale de l’Institut d’Estudis Catalans (IEC) a été l’éditeur du volume I de la collection « Catalunya Carolíngia », la grande œuvre de Ramon d’Abadal i Vinyals, qui est sur le point de s’achever avec la publication de la deuxième partie de ce premier volume. Nous avons parlé avec le professeur de son rôle dans la collection et du congrès en hommage à Ramon d’Abadal qui se tiendra à l’IEC les 23 et 24 novembre à l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de cet historien.

 

Professeur Sobrequés, comment en êtes-vous venu à coordonner El domini carolingi a Catalunya, volume I de la collection « Catalunya Carolíngia » (Barcelone : IEC, 1926-2020) ?

J’y suis arrivé par deux chemins. Un jour, mon père m’a dit que monsieur d’Abadal lui avait demandé de s’occuper des comtés d’Empúries, de Gérone, de Peralada et de Besalú. Ce fut une source d’intérêt. Mais le moment le plus décisif a été lorsque, en 1967 ou 68, je suis devenu le secrétaire scientifique de Ramon d’Abadal, qui était déjà un homme âgé. À cette époque, j’ai commencé à considérer cette période comme la mienne, même si ce n’était pas mon domaine d’étude scientifique. M. d’Abadal m’a chargé de l’édition, de la coordination et de la traduction des articles du premier volume narratif de l’ouvrage. Cette première partie sera maintenant complétée par un nouveau volume qui est presque prêt.

 

Les travaux seront achevés plus d’un siècle après leur début. C’est une œuvre qui a connu de nombreuses difficultés.

Oui, Ramon d’Abadal est mort en 70, et il a confié la continuation du travail aux docteurs Josep Maria Font i Rius, Anscari Mundó et mon père, Santiago Sobrequés. D’Abadal avait laissé derrière lui des tâches qu’il faudrait des années pour réaliser : il fallait transcrire, rechercher de nouveaux documents… etc. L’œuvre resta assoupie jusqu’à ce qu’elle soit reprise par Miquel Coll i Alentorn et elle sera maintenant achevée sous la direction de Josep Maria Salrach et Gaspar Feliu. Il convient de garder à l’esprit que le processus de création a également été fortement conditionné par la situation de l’IEC sous le régime franquiste.

 

CATCAR est en train de numériser la collection. Quelle est votre évaluation de ce projet ?

Aujourd’hui, la numérisation est essentielle. Avoir dix ou quinze volumes sur votre bureau lorsque vous recherchez un personnage n’est pas pratique. La numérisation sera utile à la communauté scientifique mondiale, car il s’agit d’un sujet d’intérêt universel. La collection est une source inépuisable de sujets pour approfondir la période : les institutions politiques et juridiques, le système préféodal, la situation économique, les questions agraires, etc.

 

 

Congrès en hommage à Ramon d’Abadal i Vinyals (1888-1970)

Les 23 et 24 novembre, le congrès en hommage à Ramon d’Abadal i Vinyals se tiendra à l’IEC. Ce sera une manière de reconnaître son œuvre ?

Oui, Ramon d’Abadal a été l’un des médiévistes les plus importants de tous les temps dans l’histoire de la Catalogne et un homme très lié à l’IEC. C’est pourquoi la Societat Catalana d’Estudis Històrics, en collaboration avec la Section historique et archéologique de l’IEC, par l’intermédiaire des docteurs Josep Maria Salrach et Gaspar Feliu, a promu la tenue de ce congrès.

 

Quels aspects du travail d’Abadal seront mis en avant lors du congrès ?

Abadal a eu une carrière très variée, du monde antique au haut Moyen Âge, sans jamais oublier que ce sont ses études sur la période carolingienne qui ont eu la plus grande continuité à travers la collection qu’il a créée. Nous en parlerons au congrès, bien sûr. Il convient de rappeler qu’il a été l’un des premiers historiens à étudier la naissance de la Catalogne en tant qu’État, en tant qu’entité politique. Il a également été l’un des pionniers de l’histoire du droit, ce qui explique que deux communications du congrès soient consacrées à cette question. Nous parlerons également de son incursion dans le bas Moyen Âge. Son étude sur les origines de la décadence politique en Catalogne au XIVe siècle a donné lieu à d’autres études, elle a été élargie et a fait l’objet de critiques. Enfin, nous aborderons un thème surprenant de sa carrière : pour étudier la Catalogne carolingienne, il a ressenti le besoin d’en étudier les précédents à partir de la préhistoire, mais surtout depuis les périodes romaine et wisigothique. Cette conférence sera donnée par Marta Prevosti, vice-présidente du IEC, qui fera une évaluation de ce que ces précédents ont représenté pour l’histoire de la Catalogne.

 

La conférence de clôture du congrès, le 24 novembre, sera donnée par Michel Zimmermann, professeur émérite d’histoire médiévale à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.

 

Pour plus d’informations : Programme.