Le Museu Arqueològic de l’Esquerda, à Roda de Ter, a accueilli le cycle de conférences « El llegat de Carlemany: els carolingis a Catalunya » pendant le mois de mars. Pour finir le cycle, CATCAR a présenté « La Catalunya carolíngia, dels pergamins al món virtual » le 26 mars, coïncidant avec l’événement inaugural de l’expérience interactive Vivez la Catalogne carolingienne. La conférence a été donnée par deux membres du projet : Santiago Muxach, de l’Institut d’Estudis Catalans (IEC) et Aymat Catafau, de l’Université de Perpignan Via Domitia.
« L’histoire a beaucoup changé ces vingt dernières années […]. Les bases de données du circuit numérique évitent la recherche d’informations qui me prenait autrefois une semaine ; maintenant je le fais au petit déjeuner ». Muxach a choisi ces mots de l’historien José Enrique Ruiz-Domènec (« El naixement d’una idea », 2016) pour résumer ce que CATCAR a fait. En 2016, le conférencier et Jaume de Puig, alors vice-président de l’IEC, ont voulu donner une continuité à la Catalunya carolíngia, un projet lancé en 1920 par Ramon d’Abadal et d’autres membres de la Secció Històrico-Arqueològica de l’IEC. L’objectif du projet était de rassembler toutes les informations des IXᵉ et Xᵉ siècles faisant référence à l’espace actuel de la Catalogne et de les transférer du parchemin au papier. « Comme l’a dit Ruiz-Domènec, la façon de travailler a changé. Si nous devions terminer une œuvre achevée depuis cent ans, c’était un gaspillage d’efforts que de continuer avec un support du XXᵉ siècle », a déclaré M. Muxach, justifiant ainsi l’importance de la numérisation du projet
Grâce aux outils numériques, le site web de CATCAR contient des documents conservés dans des archives allant de Stanford à Saint-Pétersbourg, en passant par la British Library. Cette base de données permet de voir le type de documents qui s’y trouvent, la datation de chacun d’entre eux et son résumé, et elle offre une valeur ajoutée : « Nous l’avons construite afin de pouvoir interroger les anthroponymes, les toponymes ou les biens ». La base de données fournit les documents qui renseignent la recherche. « Cherchant les vignes qui existaient alors, nous avons découvert qu’on en trouvait à 1 500 mètres au-dessus du niveau de la mer et, par conséquent, que le climat de la Catalogne carolingienne était supérieur de 1,5º à 2,5º degrés à la température moyenne actuelle », nous assure-t-il.
Ainsi, les parchemins peuvent désormais être consultés pendant que l’on prend son petit-déjeuner : « Ces documents peuvent sembler vieux parce qu’il s’agit de contrats, mais si des personnes d’il y a mille ans les ont mis par écrit et qu’ils ont été préservés jusqu’à aujourd’hui, c’est qu’ils devaient être très importants ».
Aymat Catafau a souligné lors de son intervention : « La Catalogne conserve une documentation que peu de régions en Europe possèdent ». La base de CATCAR consiste à compiler la documentation d’une époque qui a marqué un changement de tendance chez les habitants de ce territoire. Elle marque, en fait, la naissance de ce pays. Le projet contient plus de 5 200 documents datant du IXᵉ au Xᵉ siècle, dont 2 200 sont des originaux.
Les documents sont pour la plupart des contrats, mais il en existe de nombreux types différents : actes officiels des papes, des empereurs et des rois, des évêques, ou actes d’individus de toutes les classes sociales : « L’histoire de tous ces gens a été écrite avec ces parchemins ». De cette Catalogne du haut Moyen Âge, nous connaissons 15 000 habitants nous connaissons leurs noms, leur genre, leurs situation familiale et, aussi, leurs statuts sociaux, des comtes aux esclaves.
En ce qui concerne le territoire, environ 10 000 lieux différents mentionnés sont géolocalisés : ils démontrent la richesse et la permanence des toponymes : églises, châteaux, villes, villages, comtés, routes, rivières et montagnes, entre autres. De même, il existe 15 000 biens différents et géolocalisés, dont les documents indiquent l’origine et la nature. En conclusion, M. Catafau a confirmé : « Il s’agit d’une richesse exceptionnelle d’informations, mais surtout de nombreuses possibilités à exploiter, des possibilités encore insoupçonnées aujourd’hui ».