La fiction est une des outils les plus attractifs pour la vulgarisation de l’histoire. À propos de la période carolingienne, rares sont les productions qui en parlent. Il est une exception : le docu-fiction  Comtes, une production de la Xarxa de Comunicació Local, avec scénario de l’écrivain et anthropologue Albert Sánchez Piñol et sous la direction de Carles Porta. La série reconstruit avec une grande rigueur historique les règnes de Guifred le Velu, Guifré Borrell, Sunyer Ier et Borrell II. Chacun des comtes est le protagoniste d’un chapitre de 30 minutes, que présente l’actrice Marta Marco et dans laquelle la fiction dramatique se combine avec le témoignage de six historiens, qui apportent le contexte de l’époque et aident à interpréter les faits. Parmi les conseillers figure Laura de Castellet, avec qui avons parlé de son travail dans la série Comtes.

Laura de Castellet a travaillé avec les historiens Francesc Xavier Hernández, Stefano Cingolani, Dolors Bramon, Carme Muntaner et Josep Maria Salrach. Tous apparaissent dans la série pour contextualiser et interpréter les faits qui y sont racontés : «J’étais celle qui représentait les paysans, les femmes, les ressources naturelles, etc. La série s’appelait Comtes, et elle traitait de l’aristocratie, mais je leur disais : hormis des comtes, qui avons-nous ? Par exemple, il y a des objets métalliques que très peu de gens pouvaient avoir, et je leur disais : prenez une corne de vache. Cela leur faisait toucher du doigt des choses réelles. Je leur aussi ai fait nuancer un petit peu le rôle des comtesses. Le fait que maintenant nous ne puissions valoriser la place des femmes de cette époque ne veut pas dire qu’elles n’y étaient pas. Tandis que les hommes faisaient la guerre, elles s’occupaient du quotidien, tant les comtesses que les femmes de paysan. Aux IX et X siècles, on trouve des documents où les chefs de famille sont des femmes seules. S’il y avait un homme, on écrivait d’abord le nom de l’homme, puis la femme et enfin les enfants par rang d’âge, pas d’abord les garçons et après les filles. Au XII siècle cela commence déjà à changer».

Pour Laura de Castellet la série Comtes a brisé beaucoup de schémas : «Même esthétiques, beaucoup de gens disaient que cela ressemblait davantage à une série d’époque romaine que médiévale. Par contre, tant les costumes que les armes et les décors ont été réalisés suivant des critères historiques rigoureux». Dans cet esprit, elle nous avertit à propos d’autres productions : «Game of Thrones, par exemple, est une déformation absolue du Moyen Âge. Ces produits pèsent et créent un imaginaire très faux. De temps en temps en proposer un qui soit bien fait… c’est très bien. Le Seigneur des Anneaux, par exemple, n’est pas médiéval, mais il y avait des choses médiévales très bien faites ; depuis les signaux de cors et de feux jusqu’aux différents types d’arcs qu’on utilisait».

Si vous voulez voir les chapitres de la série Comtes et en savoir plus, vous pouvez consulter la page web: http://www.comtes.cat/